On dit de moi que je suis • Trop attaché à sa liberté, il n'aime pas qu'on lui donne des ordres ϟ Il est quelqu'un d'insolent, oubliant souvent de tourner sa langue dans sa bouche avant de parler.ϟ Parfois trop sérieux, il n'est pas du genre frivole ϟ Il est très impulsif et bagarreur, et il n'est pas rare de le voir blessé. ϟ Il a le comportement d'un chien errant, indépendant et fier, presque autant que misérable et seul. ϟ Il a la mauvaise habitude de dormir partout sauf chez lui, squattant les bancs des parcs ou mieux encore, les paliers des maisons et l'orée de la forêt. ϟ Il a un gros faible pour les grattouilles derrière l'oreille, relent de son ancienne nature animale. En revanche, il hait qu'on lui touche le ventre ou le cou, zone sensible et synonyme de soumission. ϟ Quand il lit l'histoire du grand méchant loup, il se dit qu'il a beaucoup de chance d'avoir Jean de La Fontaine comme créateur. ϟ Il ne mange pas beaucoup, mais ce n'est pas parce qu'il n'a pas faim, mais plutôt parce que son estomac n'est pas habitué à recevoir grand nombre de nourriture. En revanche, il déteste qu'on lui fasse des remarques sur sa maigreur. ϟ Malgré les apparences, il est très charmeur. Il n'hésite pas à flatter pour obtenir ce qu'il veut.


Mais au premier abord je suis • Squelettique est le premier adjectif qui vient à l'esprit quand on le voit. Le loup n'est qu'une carcasse de prédateur en famine. Il tente de se remplumer depuis son arrivée à Pandore, mais il peine à garder la nourriture dans son estomac, trop peu habitué. Pour éviter les remarques et les regards, il se camoufle derrière de larges vêtements, ne laissant apparaître que les vestiges de son ancienne puissance. Son regard lui, n'a pas changé. Il possède toujours cette lueur sombre derrière des prunelles dorées, prédatrice et dangereuse. Frôlant les 1m90, il en serait intimidant s'il n'était pas aussi fin. Mais sa silhouette n'est pas tout ce qui le définit. Ses cheveux en font quelqu'un d'autant plus animal qu'ils ressemblent à son ancien pelage : indomptables et épais. De même que ses mouvements souples et chasseurs, les vestiges de son ancienne bestialité sont visibles et peu dissimulés. Si l'on y prête assez attention, on peut remarquer que ses canines sont étrangement longues et que ses ongles semblables à des griffes. Mais ce n'est alors qu'un souvenir de sa férocité puisque cela fait maintenant bien longtemps que le loup n'est plus qu'un charognard, trop faible pour chasser. Le reste de son apparence n'est que négligence. Son semblant de barbe, ses nombreux piercings, tatouages et son style vestimentaire, rien ne s'accorde.

Le loup, c'est le carnassier. Celui qui termine chaque débat en déchiquetant la chair et traînant les cadavres. Il est vulgaire, vorace, insatiable et trompeur. Cela a toujours été comme ça. Un animal solitaire, découvrant l'agneau près du ruisseau. Mais son créateur, à ce loup là, en a décidé autrement. Il l'a créé faible, affamé. Envieux de ce chien, gras et bien nourris. Il l'a créé amoureux de liberté, adorant le vent dans son pelage et l'odeur de la forêt après la pluie. Il l'a créé épris de nature, savourant la sensation de sa nuque sans collier. Seul, loup oméga sans meute. Le faible de la troupe. Mais le plus heureux. Les besoins naturels, la douleur qui faisait tordre son estomac affamé, il tentait de les oublier, de les apaiser en pensant à autre chose. Il aurait dû naître comme le Chêne ou le Roseau, laissant seul le vent le terrasser. Invincible, il ne l'était malheureusement pas. Il avait été renvoyé de sa meute pour son incapacité à chasser. Il n'arrivait pas à se coordonner, il n'épousait pas les galops des autres prédateurs. Un loup inutile était un loup mort. Alors sa soit-disant famille avait abandonné le poids, l'avait mordu jusqu'à ce qu'il prenne la fuite. Il n'avait tenu qu'un mois avant que son estomac ne le rappelle à l'ordre. La disette, il l'a connaissait que trop bien. Cela commençait par quelques crampes, puis ça finissait par la douleur insoutenable, le corps rappelant que pour vivre, il fallait manger. A ce moment, Bleiz aurait avalé n'importe quoi pour faire taire cet instinct de survie qui lui hurlait « Nourriture ». Quitte à devenir un charognard ou s'attaquer à proie facile. Mais rien. Jusqu'à ce qu'il le rencontre, lui.

Le Chien lui avait semblé si imposant. Il l'avait rencontré, non loin de la forêt, attaché à un poteau et gardant fièrement la maison de son maître. A côté, Le Loup, sensé être le prédateur ultime des forêts françaises, était ridicule. Tremblotant, maigre à crever et priant pour ne pas s'écrouler à chaque pas, il s'était approché. Beau parleur, il avait flatté l'imposante bête pour qu'elle baisse sa garde, guettant l'opportunité pour lui sauter à la gorge. Mais ne pouvait-il pas rejoindre la meute du Chien à la place ? Ce dernier était nourri, soigné et gras. L'odeur qu'il dégageait était alléchante, presque autant que le reste de nourriture qui reposait dans sa gamelle usée. La seule chose qu'il fallait faire pour obtenir même traitement, c'était d'abandonner sa liberté. Un collier, une entrave. Même affamé, l'idée l'avait rebuté. Comment pouvait-on abandonner instinct et sauvagerie animale pour les restes de nourriture d'un vieux chasseur ? Bleiz n'avait pas compris tout de suite, préférant la fuite que la captivité et la soumission. Mais l'hiver approchant, il s'était surpris à regretter sa décision. La nourriture était manquante, les animaux rares et le froid décourageant. Aux premières neiges, il n'avait réussi qu'à attraper quelques mulots. Au premier blizzard, il s'était allongé à l'abri près de la falaise, le ventre vide. Au premier printemps, il ne restait là qu'un cadavre. Le répit d'un loup qui avait sacrifié sa vie pour rester libre.