On dit de moi que je suis • particularité ϟ Sûr de moi ϟ Intelligent ϟ Boiteux ϟ Tête de mule ϟ Bon entendeur ϟ Résistant ϟ Médiateur quand il le veutϟ ayant la famille dans le sang


Mais au premier abord je suis • peu engageant. Des racines voyantes, souvent une cigarette à la bouche, peu ose m’approcher de leur plein gré, même dans le cadre médical. Il paraît que je suis du genre à ruminer, marmonnant contre tous dans ma barbe proverbiale si quelque chose ne tourne pas comme il le faudrait.
Il paraît que les gens n’aiment pas la canne non plus, ni les estropiés. Mais malgré ma mauvaise jambe, je peux courir après n’importe qui plus vite que vous ne le pensez. On a toujours besoin de force, et ce n’est pas des muscles défaillants qui vont me priver de l’utiliser. Du haut de mes 1m90, ce n’est pas ce qui manque. De quoi soulever un blessé ou un ivrogne imbibé qui aurait lui besoin d’un coup plutôt que d’une bouteille.
Côté style, c’est le stricte minimum; de quoi paraître présentable dans le cabinet. Mais hors de question de se confiner dedans, les manches retroussées et la cravate dénouée sont plus confortable qu’une maudite blouse. Mais ne comptez pas trop pour avoir un vrai sourire, pour ça, il faut savoir m’amadouer ou me prouver votre valeur. Là, c’est autre chose. Chaleureux et relâche mais toujours ayant la main mise sur mon environnement. Et si vraiment je vous apprécie, les muscles ne sont pas qu’un décor contre ceux qui devraient en goûter. /

La vie, c’est un combat.

Du premier soupir au dernier, et Khan n’y est pas étranger. La jungle c’est bien beau, mais ça l’est plus dans les livres de photographies qu’il garde dans son appartement. Son souvenir à lui de cet endroit est plein de rancœur la plupart des jours.
Estropié, faible, et même être la risée de tous, c’est de combattre chaque jours jusqu’à leur montrer ce que c’est, d’être un prédateur. Tous, de la mère dont il se souvient, susurrant et grognant “Lungri” de tout son être, jusqu’aux humains paradant dans sa forêt, dans son territoire.

Il n’y avait qu’eux qui, malgré leur faibles os -plus faibles que les siens-,pour se prendre pour les rois. Même les animaux savaient la vérité, savaient l’ordre des choses, mais tout bascula. A cause d’un humain, petit et faible, comme il l’a été, un jour, un jour lointain.

Shere Khan savait qu’il avait été dans le juste, à se protéger, lui et sa jungle, du désastre que l’Homme pouvait amener sur son territoire. Mais tous, autant qu’ils l’étaient ne voyaient pas la menace, préférant se fier au visage d’ange de l’enfant, oubliant les peines et douleurs passées. C’est que ça fait ruminer, colère et dégoût ne décuplant que la force de caractère, que l’envie de tuer, chasser son but comme un morceau de viande récalcitrant.

Même Bagheera, et d’autres comme Balou, aussi forts qu’intelligents s’il devait être forcé de l'admettre, avaient flanché pour le petit homme. Il n’y avait que Kaa, fourbe serpent pour voir la vérité.

Et l’Homme était toujours la fin de tout, et sa fin qui plus est. Trop arrogant peut être, trop faible comme ils l’avaient tous dit, et Shere Khan n’était plus.

Plus de roi dans la jungle qu’un petit être, qu’un faible pour gouverner.

Et c’est une tâche dans l’âme de mourir. On s’en souvient toujours, comme si c’était imprimé dans votre être. Faible. Faible encore et toujours, dans n’importe quelle vie.

Mais la Jungle n’était plus. Jungle de goudron et d’odeurs si loin des souvenirs, mais tout autant familière. Cette fois, plus de gibier à chasser, plus d’ennemi à combattre mais Khan avait toujours ça dans le sang. On ne reste Roi qu’un jour, et il l’était toujours, ou à nouveau. L’homme reste le même, mais le chasser n’avait plus d’intérêt, pas quand lui aussi en était un. Pareil, sans aucune distinction que celle qu’il pouvait se forger. Un nouveau combat, encore plus dur que le précédent.
Pandore avait peut être plus à offrir que toutes les richesses de la Jungle. Qu’elle arriverait à le faire changer lui, comme elle l’avait fait pour tant d’autres. Ou peut-être qu’il se battrait bec, ongles et crocs pour que cela n’arrive pas.

Mais Shere Khan allait leur montrer. A tous, aux humains et à ceux qui on choisit le petit il y a bien longtemps, qu’il était toujours là. Qu’il était devenu plus fort, même si son combat aidait les autres maintenant. Que le Roi, on a toujours besoin de lui. .