On dit de moi que je suis • Paresseux ϟ Facilement amusé ϟ Toqué ϟ Casanier ϟ  Observateur ϟ A le rire facile  ϟ Prédateur ϟ Obsédé ϟ Curieux ϟ un brin fou ϟ Excentrique 


Mais au premier abord je suis •

Il fut un temps où ma simple vue en aurait effrayé plus d'un, monstre des fleuves que j'étais. Oh non je ne fus pas une créature fantastique sortie du fantasme d'un homme qui aurait greffé à mon corps des ailes de dragons et des serres d'aigles pour faire de moi un être mystique à l'allure aussi étrange qu'intimidante. Mon créateur préféra m'imaginer simple crocodile. Crocodile qui faisait "Tic Tac". Mais mon allure a semble-t-il fondé de tout temps croyances et craintes auprès des êtres fragiles et imaginatifs qu'étaient les humains.
De cette ancienne vie que gardais-je aujourd'hui que je me tenais sur deux pattes, le dos fièrement relevé, marchant sur la terre aussi bien que je plongeais dans les eaux autrefois ? Pas grand-chose hélas. Mon ancienne apparence me manque quelque peu. Quelle est donc cette peau blanche fragile dont j'ai hérité ? Où est passé ma carapace d'écailles digne du plus grand des reptiles ? Qu'est devenu la force de ma mâchoire qui déchiquetait les proies sans pitié ? À quoi servent donc ces yeux et ce nez placés en plein milieu de mon visage ? Pourquoi mes poumons ne se déplacent-ils plus ? Où est donc ma longue queue qui faisait ma fierté ? Ces humains ont vraiment une apparence étrange et semblant si obsolète. Ils sont dénués de toute force, de toute protection, de toute arme. Ils sont obligés de compléter cela par des objets car ils ne les contiennent pas en eux. Et je suis devenu l'un d'eux.

Néanmoins, je ne me plains pas. Cela m'amuse en quelque sorte. Puisque je n'ai pas le choix, pourquoi ne pas prendre cela comme une expérience à tenter ? Cela ne m'empêche pas de continuer à les effrayer en les observant de mes yeux luisant d'un vert qui rappelle la couleur qui autrefois recouvrait tout mon corps, en plus brillant. Mais ces deux pupilles de prédateur, encore faut-il qu'ils réussissent à les distinguer sous mes mèches blanches qui recouvrent en partie mon visage. N'y a-t-il rien de plus effrayant qu'un regard qu'on ne sait croiser ?~ Cette chevelure de neige tombe plus bas que mes reins, parsemée de quelques tresses. Je m'amuse à y passer mes doigts pour dévoiler l'entièreté de mon visage parcouru d'une longue cicatrice. Il semblerait qu'elle soit le reste des traces de mon ultime combat contre la nature sauvage de Neverland et qui mena à ma perte. Je me demande pourquoi elle reste ainsi gravée dans ma chair même dans ce nouveau monde. Est-ce pour me rappeler qui j'étais ? Mon cher ami Crochet a-t-il lui aussi gardé ce membre manquant que je me suis fait un plaisir de dévorer ?~

Ne pensez pas en apprendre plus sur mon apparence. Il est rare que l'on me voie me dévêtir de mon long habit, tout de noir vêtu, m'affublant parfois d'un couvre-chef loufoque qui accentue avec mon sourire carnassier mon allure excentrique. Je dois cependant avouer que l'eau reste pour moi en endroit où je me sens particulièrement bien, et il m'arrive de me prélasser des heures durant dans un bain.  Je ne suis jamais contre l'idée de me baigner mais...je reste bien plus souvent sous les eaux, me camouflant dans les profondeurs jusqu'à ce que l'air me manque. Une vieille habitude dont je ne saurais me départir.

Je retire la clef permettant de remonter cette horloge, écoutant le bruit répétitif qui s'était remis à fonctionner, entrant dans ce refrain que répètent les autres pendules de ma boutique. N'y a-t-il pas plus doux son que celui-ci ? Tel un battement régulier qui régissait la vie de tout un chacun. Ce bruit était celui du commencement, celui de la fin, il était un tout, la signification de l'existence même, la représentation du temps qui passe et qui finit par nous emporter tous un jour. J'avais cru moi aussi que mon heure était venue lorsque je succombais dans cette guerre au pays imaginaire. Une fin bien triste. Je n'avais même pas pu regoûter de nouveau à la chair si douce qui avait été mon obsession tout au long de mon existence. Mais une horloge avait cessé de fonctionner lorsqu'une autre s'était remis en marche. Je me réveillais à nouveau, goutais l'air frais et délicieux d'une nouvelle vie en la terre de Pandore. Quel lieu étrange qui s'était présenté à moi. Et surtout quelle surprise avais-je eu en observant pour la première fois un corps qui ne semblait pas être le mien et dont pourtant j'avais le contrôle. Le nouveau moi venait de voir le jour pour je ne sais quelle absurde raison. Un crocodile mangeant de la chair humaine devenu homme à son tour. Quelle drôle d'ironie ! Et me voilà aujourd'hui après dix ans passés là sans avoir goûté de nouveau à cette viande dont le souvenir m'était pourtant des plus agréables. Dépourvu de mes dents aguisées il me serait bien difficile désormais d'arracher quelques membres par-ci par-là. Et puis peut-être que cela ne me serait plus aussi savoureux maintenant que j'étais constitué de la même chair. Sans compter qu'on me poursuivrais pour cannibalisme. Quoique ce pourrait être amusant vous ne trouvez pas ? Hinhinhin~
Enfin où en étais-je. Oh oui~ Vous vous demandez donc ce que je fais là dans cette pièce où règne des tics tacs incessants qui en rendraient fou plus d'un si jamais ils venaient à demeurer dans ce lieu plus longtemps que quelques minutes ? Et bien disons qu'arrivé sur cette nouvelle île, il me semblait que quelque chose me manquait. Ce battement régulier qui cognait dans ma poitrine était bien là, mais il paraissait incomplet, quémandant un autre son pour me sentir entièrement vivant. Ce réveil que j'avais malencontreusement avalé avait fait partie de moi, autrefois, presque fondu dans mon corps. Le voir absent aujourd'hui me perturbait étrangement. J'ai été attiré par ces mécanismes comme l'aurait été un insecte vers la lumière. Il m'a fallu apprendre à manier ces mains dotées de ces doigts agiles dont je n'avais jamais usé jusqu'alors que pour me guider dans les courants. Finalement, bien que je restais un peu maladroit, je réussis à les manier et appris bien vite les secrets de ces rouages qui m'intriguaient comme étant une partie de mon tout. J'avais apparemment un don pour cela et devins un horloger de qualité. J'arrivais à comprendre d'où venait le plus infime des problèmes en ne faisant qu'écouter le bruit de ces appareils du temps. Les clients viennent chez moi pour m'acheter quelques-unes de mes œuvres que je crée de toutes pièces ou pour demander des réparations. Je m'occupe aussi bien de ce qu'il y a de plus moderne que de plus antique, mais je dois avouer que j'ai une préférence pour les vieux modèles, ceux qui font le plus de bruit~

Cependant, il m'arrive d'effrayer mes clients, ce qui n'est pas forcément bon pour le business, mais je ne peux m'en empêcher. Il est si drôle de faire peur à ces humains. Si je ne peux plus les chasser, cela ne m'empêche pas d'aimer les taquiner et d'être curieux sur leur mode de vie. j'ai gardé de ma vie de prédateur cette manie d'observer à tout va les moindres faits et gestes de mes "proies". Peut-être que je sais sur vous plus de choses que vous ne le pensez~  Et puis j'ai cette attitude aussi excentrique qu'étrange dont je ne me sépare jamais. Je m'amuse facilement, particulièrement lorsque je fais tourner en bourrique quelques humains venus s'aventurer dans ma boutique. Ma victime préférée reste incontestablement ce bon vieux Crochet. Qu'il est dommage que je ne puisse plus le manger. Mais il est si drôle de lui faire un peu peur parfois. Il a été mon obsession pendant si longtemps, hors de question que je le laisse tranquille de sitôt.~

Quant aux autres habitants qui ont vécu comme moi un changement entre leur vie animale et leur vie humaine, j'avoue avoir un petit faible pour ceux qui ont connu une vie marine et avec qui je partage ce souvenir. je me sens plus proche d'eux que des autres humains que je considère encore aujourd'hui comme étrangers à mon genre. Il se peut cependant que je montre quelques rivalités faces à d'autres reptiles ou presque reptiles. Dans tous les cas, je préfère voir avant d'agir et avoir bien le temps de décortiquer les personnalités de chacun avant de savoir comment m'amuser avec eux.~

Ma tête se tourne. Je l'entends, distinctement. Un tic tac est décalé par rapport aux autres. Je m'en vais chercher la source de cette irrégularité et retiens son auguille un court instant pour que soudain tout soit coordonné à nouveau. Que j'aime ce bruit, je ne pourrais m'en passer. Retenez-le bien, car il est fort probable qu'il prévienne de mon arrivée imminente