On dit de moi que je suis • Grand ϟ amicale ϟélancé ϟ blagueurϟ propre sur moi ϟ moraliste ϟ traditionaliste ϟ sociable ϟ doux ϟ paternaliste ϟ têtu  


Mais au premier abord je suis • Bagheera a plus l'air sauvage que sympathique. Il faut dire que dans sa vie, les quelques contactes humains qu'il a pu avoir ne figurent pas parmi ses meilleurs souvenirs. Avoir la peau usée par un collier de fer, c'est évidemment un traumatisme pour lui. Alors, quand on le rencontre pour la premier fois, c'est un homme distant, peu souriant, aux yeux sombres, au visage sévère et quelque peu sur la défensive auquel on a affaire. Son physique plutôt décalé n'arrange d'ailleurs pas les choses et ne fait que mettre un peu plus Bagheera dans une case : mélangeant un style hindou traditionnel et une garde-robe moderne, on ne peut pas dire qu'il passe inaperçu (et ce n'est pas du goût de toute le monde) ! Sa barbe épaisse et ses cheveu mi-longs la plupart du temps enroulés dans un turban intriguent quelque peu la population. Néanmoins, notre très chère panthère sait malgré tout prendre sur lui-même. En effet, on ne devient pas professeur de philosophie si on a pas le tempérament et l'esprit-ouvert qui va avec ! Bagheera essaye donc de ne pas trop tenir rigueur aux Hommes et de faire preuve de courtoisie. Après tout, Mowgli était son ami, pourquoi ne pourrait-il pas s'en faire d'autre dans le genre humain ? Si vous apprenez donc à creuser un peu plus loin que ses airs de monsieur-je-sais-tout, vous découvrirez donc un homme doux, très amical et farceur; un sourire tout à fait charmant et chaleureux qui creusent deux fossettes au coin de ses lèvres. Ses 1m83 et ses larges épaules ne vous paraitrons alors plus si impressionnants.

Tu as eu une vie longue, Bagheera. Une vie pleine d'aventures. Et tu te souviens de chacune d'entre elles, comme si le mot « fin » avaient été ancré dans les pages de ton livre il y a à peine quelques jours. Il faut dire que tu as toujours eu une bonne mémoire, un esprit facilement marqué par le moindre événement, perméable à tout ce qui t'entourait. Alors, malgré les années passées, tu pourrais encore décrire dans les moindres détails la ménagerie du Rajah dans laquelle tu avais passé tes jeunes années, les vas et viens de ta mère dans sa cage et ce collier richement décoré qui te lacerait la gorge. Oh, celui là, tu ne l'as jamais oublié. Comme il t'a marqué, comme il a déchiré ta fourrure. Même après la mort de ta mère et ta fuite, la trace restait là, comme une corde invisible serrant ton cou. C'était ta marque, un sombre rappel qui t’empêchait d'oublier à quel point tu haïssais les hommes.
Quand tu as regagné la jungle, tu était sauvage et colérique. Tu t'es fait craindre, puis aimé. Comme quoi, sans avoir encore lu Machiaveli, tu connaissais déjà les tenants et les aboutissant du pouvoir et de sa philosophie. Mais heureusement, il y eu plus fort que toi pour te calmer et te rappeler à la raison : Shere khan. Tu peine à l'avouer, mais dans le fond, sans lui, tu n'aurais jamais retrouvé ce calme qui est à présent tien.

Mais il ne fut pas le seul à t’emmener vers le chemin de la sagesse. Qui l'eut cru, c'est un Homme qui t'aida à cela, ou du moins un petit d'homme.
Quand Père loup et Raksha l'amenèrent au conseil du rocher, tu eu presque pitié pour cette créature frêle et nu. Contrairement à Shere Khan qui le voulait comme festin, tu n'éprouvait étrangement aucune hostilité envers l'enfant d'une race qui t'avait persécuté. Alors, pour sceller son destin avec celui de la jungle, tu sacrifias un bœuf. Une bonne parole et le sang d'une bête, c'est grâce à celui que le petit joignit la troupe des loups. Quant à toi, à défaut de pouvoir l'élever, tu l'accompagnas, véritable professeur dans cette jungle hostile. En tout cas, c'est avec émotion que tu te rappelles de cet enfant, Mowgli, qui rythma ta vie d'une bien étrange façon durant quelques années.  
C'est amusant, mais tu gardes mêmes dans ton cœur les épisodes les plus tristes de ta vie avec cet humain. Après tout, ces sont les plus mauvais moments qui nous permettent de savourer les bons, alors pourquoi les oublier ? De toute façon, tu ne veut rien effacer de ta mémoire, que ce soit l'enlèvement des singes, la bêtise de Baloo, la traitrise des jeunes loups, le retour de Mowgli parmi les Hommes, puis son nouvel exile dans la forêt, la bataille contre les dholes et la mort d'Akela, puis celle de Shere Khan. Il n'y a rien dont tu ne voudrais pas te souvenir. Au contraire.

Non, il n'y a rien que tu voudrais oublier, mais avec le recul, il y a beaucoup de choses que tu aurais aimé changer. Comme par exemple cet espèce de dédain que tu offris à Mowgli les derniers mois qu'il passa dans la jungle. Il faut dire que le petit d'homme avait bien grandi et que vos jeux n'étaient plus les mêmes. Il n'avait d'ailleurs plus vraiment besoin de ta protection, lui qui avait tué le tigre qui terrifiait les Hommes. Tu était donc distant, te repliant dans les coins les plus sombres de la jungle, comme tu en avait l'habitude avant l’arrivée de Mowgli. De toute façon, avec l'arrivée de la saison des amours, tu préférais t'éloigner. Mais si tu avais su qu'il allait partir si promptement, tu ne l'aurais pas abandonné comme ça.
Alors, quand l'Homme qui n'était à présent plus un enfant appela le conseil du Rocher pour faire savoir qu'il comptait quitter la jungle, tu restas tapis dans les branches d'un vieil arbre. Tu était meurtri, tu t'en voulais, mais tu étais aussi serein. Si tu avais faillis à ta tache, tu allais pouvoir te racheter et permettre à celui que tu avais vu grandir de pouvoir voler de ses propres ailes. Alors tu traversas la jungle, galopant comme tu ne l'avais jamais fait. Tes yeux scrutaient le moindre autour de toi, jusqu'à ce que les feuilles tremblent et que tu te jettes sur ta proie.

Tombant des arbres comme tu l'avais fait la première fois que Mowgli avait été présenté au clan, tu t'avanças doucement vers l'homme, glissant ta tête sous sa main. Tu avais tué un autre taureau, comme le voulait la tradition, cette fois pour que Mowgli puisse quitter la jungle. Vos adieux furent bref et, comme tu étais venu, tu disparu de nouveau dans la jungle indienne.

Mowgli ne revint jamais auprès de ses amis sauvages. Tu passas tes dernières années comme les premières : chassant, tapis dans les recoins les plus sauvages de l'Inde. Secrètement, tu espérais revoir la silhouette de ce petit d'homme qui tu avais tant chéri, mais peut-être pour le meilleur, ton vœux ne fut jamais exaucé.
Alors, parce que tout être doit lui aussi connaitre sa fin, tu mourus comme n'importe quel bête, sans un bruit et dans la paix. Du moins c'est ce que tu cru.

Tu te rappelles clairement de ce jour où tu te réveillas sans fourrure, cet instant ayant marqué ta mémoire à jamais. Tu n'avais plus de griffes ni de crocs et tu te tenais sur tes deux jambes, comme un Homme. Non. Pas comme un homme. Tu étais un homme. La colère fut alors le première sentiment qui envahit ton âme, vite suivi par l’incompréhension. Tu étais perdu sous cette forme que tu connaissais mal, ne sachant vraiment si tu avais appris à l'aimer grâce à Mowgli ou si tu la détestais encore à cause de ce maudit Rajah et de son collier.
Sans vraiment avoir le choix, tu dues vite t'y faire, apprenant les lois des hommes après celle de la jungle, découvrant des écris qui malgré ce que tu voulais bien avouer te passionnaient.
Ainsi, tu devins à ton tour un homme, te fondant petit à petit dans la société. Tu ne chassais plus, tu dormais dans un lit et tu marchais parmi ces êtres que Raksha et les autres avaient jadis craint. Pandore était devenue ton Inde.

Alors, maintenant que tu es devenu une bête qui marche sur deux pieds et que tu as appris la philosophie des humains, tu n'aspires plus qu'à une chose : retrouver Mowgli et Baloo, certainement eux aussi perdu dans cette jungle moderne.