On dit de lui qu'il est •maladroit ϟ facilement gêné ϟ timide ϟ a du mal à coordonner ses mouvements ϟ curieux ϟ parfois impulsif lorsqu'il parle de son passé ϟ mignon ϟ spontané dans sa façon de parler ϟ naïf ϟ complexé par sa taille ϟ sensible  


Mais au premier abord il est • Kraken est ce qu'on appelle, un petit être fragile, à son plus grand malheur. Lui qui avait tant de prestance, tant de magnificence ! Le voilà enfermé dans un corps faible, d'un petit mètre 63, et dont la bouille n’effrayerait pas le moindre insecte.  Pas étonnant de le voir grimacer devant un miroir quand on sait à quel point il était fier de son apparence d'antan. Être la terreur des mers, faire pâlir les plus féroces pirates, voir les expressions humaines se déformer en voyant  sa silhouette se mouvoir dans les flots, c'était sa vie, sa passion !

A présent, lorsque Asgeir touche ce visage fin, qu'il caresse les cils bordant ces yeux d'un bleu étincelant, et qu'il laisse ses doigts pénétrer cette douce touffe de cheveux céruléenne qui retombe sur son front, il soupire en pensant que cette nouvelle apparence ne lui va aucunement.

Il rêve de se voir grandir encore et encore, comme dans son passé, afin de se montrer supérieur, d'écraser une nouvelle fois les plus faibles. Pourtant, en arrivant à Pandore, il a senti naître en lui des sentiments qui avant sa résurrection, lui étaient inconnus. Ce besoin affectif par exemple, qu'il semble manifester en s'attachant rapidement aux personnes qu'il rencontre. Ou encore cette compassion à l'égard des autres, qui l'amène a ressentir de la pitié, de la compréhension. Tout un éventail d'émotions et de traits de caractère humains qui font de lui un individu aux nombreux points faibles...

Kraken a également des difficultés à distinguer l'amour, l'amitié, les relations professionnelles, etc... Tout ça est nouveau, et bien difficile à comprendre pour un ex-monstre marin qui n'a jamais ressenti autre chose que de la satisfaction, de la faim, de la soif de pouvoir et l'envie de tuer.

C'est pourquoi, aujourd'hui encore, il peut faire l'erreur de penser qu'une simple poignée de main et un baiser sur les lèvres, c'est la même chose, autant qu'un enlacement et une petite tape sur l'épaule... Et ça marche avec pleins d'autres choses (ou presque).

Depuis des millénaires, l'Homme a peur de l’inconnu. Longtemps, il a craint de s'aventurer dans les hautes montagnes, dans les immenses forêts vierges, ou même trop loin des côtes littorales... Car son imagination est telle qu'il suffisait d'une ombre torturée, d'un cri étranger, ou même d'une simple trace de pas difforme pour voir naître moult rumeurs à propos de monstres terrifiants, ou de créatures insolites. Rumeurs qui sont devenues légendes, et légendes qui sont devenues mythes. Le Kraken cependant, en est resté au stade d'une simple légende. Nombreux sont les voyageurs des mers ayant pris pour un poulpe géant et malfaisant, un simple calmar s'accrochant à la coque de leur navire, ou de vulgaires restes de tentacules pris dans les mailles des filets de pêche. Les créateurs de cet être monstrueux et les conteurs d'aventures le concernant se comptent donc par centaines, dont le célèbre Jules Verne.

C'est probablement de cette paranoïa marine qu'est né Asgeir. De cette peur que les êtres humains portaient alors en eux en voguant sur les flots démontés par les orages. L'on raconte pourtant qu'à sa naissance, Kraken n'était pas plus gros qu'un pouce. Le genre de mollusque inoffensif dont on ne soupçonne pas même l'existence. Pourtant, il était bien présent, au fin fond de sa grotte dans les profondeurs océaniques. Accompagné de ses mille frères et sœurs, il aurait été facile de le confondre avec tous ses congénères tentaculaires. Mais Asgeir s'est rapidement démarqué du reste de sa famille, car si le corps de ces derniers a cessé de s'allonger au bout de quelque mètres, lui n'a jamais cessé de grandir, atteignant l'humble taille d'un demi kilomètre au bout de quelque années. Son régime ? Rien de bien extraordinaire : des poissons par centaine de milliers chaque jour. Il n'était pas bien difficile grâce à sa masse imposante, de s'attirer les bienfaits d'autres animaux venant se rassasier sur son corps, avant qu'eux même ne se fasse dévorer lorsque la faim venait taquiner l'estomac du titanesque calmar.

Seulement, la blanchaille quotidienne ne suffisait plus à la créature pour satisfaire son féroce appétit, même après avoir goûté à quelque congénères. Asgeir vint donc visiter les courants environnant la surface de l'eau en quête de nourriture, et trouva bien rapidement ce qui devint sa nouvelle source d'alimentation : les êtres humains.

Sa puissance était si grande qu'il brisait les mâts des bateaux sans difficultés, trouant voiles et coques auxquelles il s'accrochait jusqu'à faire sombrer la totalité du navire en eau trouble... Rares étaient les survivants, mais ceux qui parvenaient à regagner la terre suite à ce genre d'attaque prônaient la mort la bête, assurant partout autour d'eux qu'au delà des plages et des grèves, loin des rives calmes et sereines, rôdait un monstre, un prédateur marin  supérieur à toute autre forme de vie aquatique.

Cependant, la pêche autour du Kraken promettait des cales remplies de produits frais et exotiques, en quantité spectaculaire. Ainsi les plus courageux, les inconscients et les pragmatiques finissaient pour la plupart dévorés ou blessés, leur navire abîmé par cet animal sans pitié et tant redouté.

Asgeir parvenait même, de par sa taille toujours plus importante, à imiter une petite île flottant sur l'océan, tout en s'accrochant aux rochers. Il était fréquent d'y voir pirates et marins y poser le pied, avant que ce faux par-terre ne se dérobe sous leurs semelles, et que celles-ci ne se retrouvent happées par un tentacule ou deux. De plus, il était coutume pour achever un équipage que le céphalopode regagne les abysses d'une effroyable vitesse, provoquant derrière lui un terrible siphon emportant tout sur son passage.

Du plus faible pêcheur criant vengeance, au plus fort des pirates hurlant potence, Kraken avait un nombre incalculable d'ennemis. Personne ne parvint à le tuer définitivement, car même blessé, il revenait à l'attaque en quelque heures. Sa puissance, son pouvoir et sa supériorité jouissive l'avaient emporté dans une vague de folie.
Kraken avait faim de chair et de cris d'horreur, et cet intarissable sentiment le torturait sitôt qu'une trace humaine se présentait devant lui.

Ivre de sang, sa dernière tentative fut d'attaquer les hommes directement par la terre, en vain. Les blessures qu'il portait et son vieil âge ont fait qu'il n'a pas pu regagner les eaux profondes à temps. Le cadavre d'Asgeir a été retrouvé quelque années après s'être échoué sur une île.


Une fois arrivé à Pandore, le Kraken  a reçu un corps d'homme. Son premier réflexe aura été de se mordre lui même ; malheureusement ses membres n'ont pas réagit comme prévu, et c'est ainsi qu'il a découvert la complexité de l'anatomie humaine.

6 mois ont été nécessaire pour qu'il parvienne à se déplacer correctement, à utiliser ses doigts pour saisir des éléments, ses dents pour mâcher la nourriture... Mais il rencontre encore aujourd'hui beaucoup de difficultés à coordonner ses mouvements. Le fait ne pas savoir nager par exemple, lui cause grand nombre de problème. Il ne pourra jamais nier son amour pour l'eau, et bien qu'il soit encore capable de respirer au cœur de celle-ci, Kraken coule indubitablement au fond lorsqu'il s'aventure un peu trop loin du bord ou qu'il perd pied. Il est par ailleurs resté coincé dans une piscine pendant plus deux jours en attendant qu'une âme charitable vienne le secourir.

Et quand Asgeir ne séjourne pas au fond d'un quelconque point d'eau, il lave la vaisselle. Plongeur est en effet la profession qu'il exerce quotidiennement à Pandore, et plus précisément au restaurant crêperie de la cité. Cette activité lui permet de travailler son petit tourbillon d'eau dont il a gardé le savoir faire, et qu'il espère toujours voir grandir pour redevenir aussi puissant qu'avant.