Du haut de ses 1m69 pour seulement 58 kg, Quetzalcoatl tient plus de l'adolescent androgyne que du Dieu Serpent dont il porte le nom. En effet, sa silhouette élancée, tonique mais peu musculeuse, et ses membres allongés le font paraître bien jeune, faible et presque féminin. Ses traits fins, sa taille marquée, sa démarche souple, féline, ses longs doigts de pianiste sont autant d'éléments qui renforcent l'aura de délicatesse émanant de sa personne. Mais un détail vient troubler ce portrait parfait, il s'agit de la chevelure trop indépendante du jeune homme. Celle-ci, pour une raison inconnue, semble refuser catégoriquement de coopérer. Il devient alors très difficile d'ordonner les mèches azures. Leur propriétaire, pensant naïvement que plus lourdes elles cesseront de former d'étranges épis, les a donc laissé pousser. Maintenant qu'elles couvrent ses épaules, il se voit contraint d'oublier son rêve d'une crinière parfaite. Mais, à défaut d'être docile, ses cheveux sont d'une bien jolie teinte bleu pâle. Cette même nuance colore également, à quelques reflets violacés près, ses immenses yeux dévorant son visage juvénile.

Ces yeux, Quetzalcoatl les aime tout particulièrement. Ils sont le siège de son âme de grand enfant. Car si l'enveloppe charnelle de notre petit Dieu aztèque peut sembler immature, sa personnalité l'est tout autant. Le jeune homme est effectivement un incorrigible et insatiable curieux. Il brille de par sa soif de savoir et son ouverture d'esprit. Arrivé par hasard dans un monde qu'il ne connaît pas, il voudrait en apprendre chaque règle, tout voir et tout comprendre. Pour cela, il n'hésite pas à multiplier les expériences et rencontres, ce qui fait de lui quelqu'un de particulièrement sociable. Aventureux, le garçon peut se vanter de n'a pas craindre grand chose. Certains le qualifieront de tête-brulée, d'autre de candide.
Mais ne vous y trompez pas. Si son innocence peut s'apparenter à de la naïveté, il n'en n'est rien. Quetzalcoatl n'oublie pas qu'il était autrefois l'une des entités fondatrices de toute une civilisation. C'est pourquoi il reste une personne responsable. Bien qu'il ait tendance à considérer ses congénères trop matures comme ennuyeux, il sait se montrer sérieux lorsque la situation l'exige. Il devient alors un homme calme, réfléchi et indépendant.

Au commencement, il n’y avait que Ometeotl, un Dieu unique et originel. Puis, ce dernier enfanta seul quatre fils : Tlatlauhqui Tezcatlipoca, Yayauhqui Tezcatlipoca, Quetzalcoatl et Omitecuhtli. Parmi eux, deux entités firent bien tôt parler d’elles. Tezcatlipoca, le second, et son cadet, Quetzalcoatl, entretenaient alors une relation bien particulière. Un jour rivaux, l’autre amants, leurs disputes étaient fréquentes et bien souvent d’une grande violence.

Mais c'est ensemble qu'ils créèrent le monde que nous connaissons. Pour cela, ils durent, sous la forme de deux immenses serpents, capturer la féroce déesse de la Terre et la déchirer en deux. D'une moitié, ils firent alors la terre. Malheureusement, ce globe froid ne pouvait accueillir la vie sans un soleil pour le réchauffer. Les Dieux primordiaux, dont faisaient partie les frères serpents, décidèrent de créer un premier astre que l'on confia à Tezcatlipoca. Mais cette faveur faite à son aîné rendit Quetzalcoatl terriblement jaloux, si bien qu'il le frappât d'un bâton. Le plus vieux des frères, alors aveuglé par le courroux, se changea en jaguar dans le but de se venger, détruisant du même fait le premier soleil. Un second soleil fut donc créé et cette fois accordée au cadet. Tezcatlipoca réagit immédiatement et vint bousculer son frère. Le vent généré par cette nouvelle dispute fut si puissant qu'il balaya le second soleil. Il ne fallut pas moins de trois autres tentatives pour qu'enfin, un soleil viable éclaire la Terre.

Il fallait maintenant peupler ce monde et c'est Quetzalcoatl qui y parvint. Il utilisa les ossements de quelques créatures, résultats des essais d'autres Dieux, ainsi que son propre sang, pour mettre au monde les Hommes. Ce nouveau peuple, reconnaissant envers son créateur, fit de lui son idole et lui érigea une citée dont il devint souverain, Tula. Mais une fois de plus, le frère, jaloux, vint troubler la vie paisible du Serpent à Plume. Il se présenta, pour cela, sous la forme d'un beau jeune homme et demanda à ce qu'on organise une grande fête en l'honneur du maître de Tula. Durant cette nuit de célébration, il fit boire son cadet et le séduit, le forçant ainsi à briser son vœu de chasteté. Au matin, Quetzalcoatl, humilié, sa virginité perdue, n'eut d'autre choix que de fuir et s'immoler, laissant son peuple aux mains du Dieu mauvais qu'était son aîné.

Aujourd'hui et après de nombreuses années à sommeiller, Quetzalcoatl découvre un nouveau monde, une nouvelle société dont il fait partie. Si ses premiers mois en temps qu'homme furent un peu compliqués, il s'est à présent fait à cette vie moderne et ces technologies inconnues. Il reste cependant des notions qu'il ne saisit pas, tel que la pudeur, le tact ou encore la honte. D'autres choses, encore, le fascinent toujours comme au premier jour. C'est le cas de la photographie, mais aussi du cinéma. "Vous voulez dire qu'on peut capturer une image pour toujours ? Et elle peut bouger !?" Le jeune homme est, depuis, un fan inconditionnel de séries télévisées en tous genre. Mais le corps humain reste le fruit de toutes ses interrogations. Il éprouve une fascination étrange et incompréhensible pour l'anatomie masculine, ce qui donnait lieu à d'étranges situations. En effet, le Dieu Serpent compris bien vite que se pencher sur son voisin dans les toilettes d'un café n'était pas socialement correct. Son métier lui semble être un bon compromis entre sa passion pour la photo, mais aussi ses pulsions voyeuristes.

[Je dois avouer avoir fais une interprétation plutôt libre des mythes aztèques. J'espère que cela ne posera pas de problèmes.]