Tu es prêt à tout pour arriver à tes fins Hansel et pour cela rien de mieux que faire travailler sa tête. Des petits tours, des phrases détournées, tout est bon pour y arriver. Tu n'en as peut-être pas l'air, mais il faudrait peut-être te prendre avec un peu plus de sérieux. Attention au coup bas si on te prend de haut ! Même si tu aimes ruser, tu sais aussi parler franchement. Si le message peut passer facilement par des mots, alors tu ne vas pas te gêner. Dire ce que tu penses tout haut sans aucune honte c'est aussi toi Hansel. Tant pis si cela peut blesser autrui. Si cela arrive, c'est qu'il n'était pas prêt à accepter la vérité. Pour toi tout ce que tu dis et vrai. Tout ce que tu racontes fait sens. Pourquoi ? Parce que tu es parfait ! Il n'y a pas plus beau et plus intelligent que toi. Narcissique ? Pas spécialement. Du moins, tu ne le penses pas. Tu dois cependant reconnaître que tu aimes t'admirer pendant des heures, que ce soit dans une glace ou sur le simple reflet de l'eau.

Tu ne prêtes pas souvent attention aux autres, mais ce n'est pas pour autant que tu es sans coeur. Dans un élan de bonté, il t'arrive parfois d'aller aider quelqu'un dans le besoin ou même de rapporter un chat errant chez toi. Parce que c'est aussi ça être parfait : savoir faire preuve de clémence et de bonté. Enfin aider oui, mais pas si cela te met en danger. Téméraire, mais pas courageux le petit Hansel. S'il y a le moindre risque, tu préfères fuir plutôt que de foncer tête baissée. Cela inclut bien évidemment tout objet tranchant ou à haute température. Un reste de traumatisme d'avoir failli passer à la casserole quelques mois plus tôt...

Susceptible comme pas possible, la moindre remarque à ton égard, tu la prends au pied de la lettre. C'est donc assez fréquemment que tu passes d'une émotion à une autre sans crier gare. Si tu sors de tes gonds, il n'y a que deux solutions pour te calmer. Soit, on s'excuse ventre à terre en vantant tes mérites, bien souvent inexistant pour les autres. Soit on te soudoie avec une quelconque douceur. C'est que le petit roi a un faible pour tout ce qui est sucrerie. Tu ne sembles pas avoir retenu la leçon avec cette maudite sorcière...


Tu es plus petit qu’on ne le pense, mais pas pour autant plus musclé. Tu n’es qu’une demi-portion qui se croit plus fort que les autres. Qu’un minus qui pense être le plus beau. Tu te donnes des airs de ‘’j’emmerde tout le monde’’ en fumant des clopes et en te la jouant ‘’mauvais garçon’’. Tu penses qu’en mettant tes cheveux en bataille tu as l’air plus cool. Tu penses que si tu te fringues différemment des autres  les regards seront tous pour toi. Tu veux à tout prix attirer l’attention sur toi, faire en sorte que les gens n’ont d’yeux que pour toi. Alors, tu frimes avec le peu d’atout que tu as réellement. Tu fais en sorte que tes yeux dorés soient ce qui frappe en premier, que ta gueule d’ange marque les esprits. Tu triches pour te faire croire plus grand, tu mets du compenser et refuse de l’admettre. Tu voudrais te musclé un peu plus, mais tu n’as pas la motivation pour, tu n’as pas le courage pour. Tu t’estimes suffisamment attirant pour ne pas avoir besoin de travailler en plus.

Tu veux paraitre beau, te convaincre que tu l’es, mais au fond n’est-ce pas le contraire ? Tu peux rendre ton physique aussi agréable que possible ce qui reste de toi ne le sera pas. Tu n’oses pas te regarder dans le miroir. Tu as peur que ce bout de verre ne projette qu’une chose immonde, qu’un être qui ne fait que porter le nom d’humain. Et plus tu y penses, plus tu fais en sorte qu’on te remarque. Plus tu fais des efforts pour te rendre séduisant. Tu manges moins pour perdre du poids alors que tu es déjà bien léger, tu dépenses ton argent dans tout et n’importe quoi sous prétexte qu’il peut t’apporter un plus. Et tu sombres dans cette concupiscence sans fin, sans fond. Tu ne sembles plus voir la lumière qui brille encore faiblement autour de toi. Tu perds courage et t’enfonces toujours plus loin dans les méandres de la tromperie.

Les contes racontent diverses histoires toutes plus différentes les unes des autres. Les gens sont persuadés qu'il ne s'agit que d'histoires fictives avec des personnages qui n'existent que sur papier. Ils n'ont pas tord dans un sens, mais dans l'autre, tu n'es pas simplement que des lignes, que de l'encre gratter sur un papier. Tu veux continuer de penser que tu peux très bien être différent de l'histoire que ton créateur a commencé à écrire. C'est pour ça que malgré ce qu'il y avait d'écrit, que malgré le destin qui avait déjà été décidé pour toi, tu as voulu t'affirmer.
Lorsque tu as entendu ta mère dire à ton père qu'il fallait vous abandonner, tu n'as pas eu l'idée d'aller prévenir ta soeur. Tu as préféré prendre des cailloux pour retrouver votre chemin et faire le fier par la suite. Plutôt que de gentiment lui dire que tu avais semé des pierres la première fois, tu as vanté tes mérites lui faisant croire que tu étais le plus extraordinaire de tous les frères. Lorsque vous êtes arrivés à cette maison en sucrerie, tu voulais faire croire que c'était ce que tu avais prévu depuis le début. Tu t'es de nouveau vanté, tu as de nouveau fait le fier. Mais tu ne savais pas ce qui allait arriver par la suite, tu ne savais pas que tu allais faire cette mauvaise rencontre. Et tout en ignorant cela, tu as proposé de commencer à dévorer cette maisonnette, tu as proposé d'y entrer quand la porte c'est ouverte. Tu as voulu faire confiance à cette vieille femme qui disait ne vouloir vous faire aucun mal, tu as voulu croire que tout allait s'arranger et que tu aurais la reconnaissance de Gretel et de tes parents.

C'était stupide. Tu t'es fait prisonnier, on t'a fait manger autant que tu voulais, mais ce n'était pas pour te faire plaisir pauvre idiot. Ce n'était pas pour tes beaux yeux comme tu le croyais au début. Tu aurais sans doute fini mangé par cette sorcière si Gretel ne l'avait pas poussé dans le four. Ta fin aurait sans doute été plus tôt que prévue si ta soeur n'avait pas fait preuve de courage et de ruse. Tu aurais dû la remercier, tu aurais pu lui montrer ta reconnaissance, lui dire qu'elle t'avait sauvé la vie. Pourtant, tu ne l'as pas fait. Tu avais trop honte de ne pas avoir pu t'en sortir seul, tu avais trop peur qu'on te prenne pour un trouillard, pour quelqu'un qui n'a strictement rien fait pour vous sortir de là. Alors, tu as voulu arranger les choses. Alors en disant à Gretel que si vous rameniez des pierres précieuses tu as cru que tu pouvais te racheter. Et c'est vrai, on ne t'a pas blâmé pour ce que tu n'as pas fait, ton père était heureux de vous revoir en vie. Quant à ta mère, elle était morte entre temps, mais c'était comme si cela ne gêner personne, c'était comme si toute sa vie elle avait été là juste pour être la vilaine mère qui voulait laisser ces propres enfants mourir dans la forêt. Tout cela pour qu'il y est une happy end, pour que tout se termine dans la joie.
Toute ta vie était déjà écrite Hansel, tout ce que tu as fait devait se passer comme ça. Qu'importe si ton caractère ne colle pas avec l'idée qu'on se fait de toi. Qu'importe si tu n'es pas exactement comme le dit le conte. Ce qui importe c'est que l'histoire se termine bien, ce qui compte c'est que le récit prenne fin. On se moque totalement de ton avis, on ne cherche même pas à savoir si tu voulais être dans cette histoire ou dans une autre. Ce qui compte c'est que tu es né de cette plume, que tu as pris vie grâce à cet auteur. Tu lui en es reconnaissant, tu dois l'être, car sans lui tu ne serais pas, sans lui tu ne pourrais même pas penser, ressentir et marcher. Tu ne serais rien sans lui. Malgré tout, tu aurais quand même voulu voir à quoi il ressemble se père créateur, tu aurais quand même voulu lui dire que tu aurais voulu une autre histoire. Tu ne voulais pas que ça se termine maintenant, tu refusais de croire que tu allais tout simplement disparaitre avec la fin de ce petit conte pour enfants.

Mais ce n'est pas vraiment la fin. Tout du moins pas pour tout de suite. Tu as encore une chance, ce n'est que le commencement. C'est de cette manière que tu as compris la chose. C'est comme ça que tu vois ton arrivée ici, dans cet endroit dont tu ne connais rien, dans ce monde où tu ne sais pas trop comment tu y es arrivé. Un lieu bizarre où les bâtisses sont beaucoup plus grandes, où les cheveux ne tirent plus de voitures. Un endroit un peu effrayant qui ne ressemble en rien à ce que tu as pu voir dans ton histoire précédente. Un univers original, tout nouveau et qui semble vouloir te tendre ces bras pour t'accueillir, pour te montrer que tu peux marcher seul maintenant. Tu peux faire tes propres choix, vivre comme tu le sens. Tu dois tout réapprendre, car tu ne connais rien de ce monde, tu ne sais pas comment il faut y vivre, tu ne sais pas comment faire avec autant de liberté. Arriveras-tu à te faire comprendre ? Comprendras-tu ce qu'on te dit ? Qu'as-tu le droit de faire, qu'est-ce qui t'es interdit ? Où sont passés ton père, ta soeur ? Ta mère se trouve-t-elle là ? Tu te poses beaucoup de questions et tu n'auras sans doute pas les réponses à toutes. En même temps, ce n’est pas comme si tu voulais vraiment les voir Hansel. Quitte à être seul, autant profiter au maximum de sa liberté avant de devoir retourner en famille, si tant est que tu puisses les revoir un jour.

Un mec comme toi ne devrait pas avoir trop de problèmes pour trouver comment subvenir à ses besoins. Tu n’es pas forcément le plus intelligent qui soit, mais tu es persuadé que tu peux t’en sortir juste en usant de ton physique et de tes charmes. Car oui, tu es convaincu de ta beauté, tu es persuadé que tu peux jouer de cet atout. La simplicité prime sur le reste et s’il te suffit de remuer un peu les fesses tout en te faisant complimenter tu ne vas pas t’en priver. Certes, tu n’es pas forcément fan de devoir draguer et être dragué par des hommes, mais tu vas devoir t’y faire, car de toute évidence il n’y a que la gent masculine dans ce monde. Il y a un début à tout alors pourquoi pas. Les premiers mois sont peut-être un peu plus durs que tu ne le pensais. S’habituer à un mode de vie complètement différent de ce que tu avais connu jusqu’à maintenant et trouver dans un premier temps où dormir ne fut pas facile. Cela fait trois mois maintenant que tu es dans cet endroit qui porte le nom de Pandore. Trois mois que tu vis seul, trois mois que tu viens de renaître. Trois longs mois où pour la première fois, tu as enfin l’impression de faire quelque chose parce que tu l’as décidé et non parce c’était déjà écrit. Tu as l’impression de pouvoir dire pour la première fois que tu es vivant, que tu peux aller où tu veux et quand tu veux. Alors avant que tout cela ne se termine, tu comptes bien en profiter au maximum. Tu comptes bien faire en sorte de rester dans la mémoire des gens que tu as rencontrés, tu vas faire en sorte que le plus de monde possible sache à quel point tu es quelqu’un de génial et fabuleux. Parce qu’après tout on ne parle pas de n’importe qui, on parle de toi Hansel, on parle sans doute du type le plus vaniteux qui puisse exister.