Psyche • Antigone, il est un peu perdu, dans ce monde qui lui est si étranger. Il voit les gens s'agiter autour de lui, et il a du mal à profiter de la vie telle qu'elle est à Pandore. Pour lui, la tragédie était terminée. Il a accueilli la mort à bras ouverts, car il savait que c'était ce qui était juste. Ici il n'a pas l'impression d'avoir sa place. La famille était ce qui comptait avant tout, mais ici il n'a personne, il est seul.
Alors il reste silencieux. Parfois il va se promener dans la campagne, qui est très différente de son pays natal. Il ne fait pas si chaud. Ici il fait froid et sombre. Thèbes lui manque, mais il accepte cet exil avec gravité ; après tout s'ils sont tous ici, c'est qu'il doit y avoir une raison.
Sinon, il demeure toujours le même. Il croque dans la vie le plus possible. Il n'est ni mesquin, ni sournois, il garde les qualités quand lesquelles on l'a élevé. Altier, d'un esprit noble et franc, il déteste l'injustice et fera tout pour la réparer. Il estime les valeurs de la famille et les traditions du cœur avant tout, mais cela ne l'empêche pas d'avoir un jugement critique sur ce qui l'entoure : défier l'autorité ne lui fait pas peur, surtout si c'est pour défendre ses convictions et ceux qui lui sont chers.
Dans les moments de paix il sait être rêveur, et par dessus tout aimant. Malgré tout il est timide , et particulièrement du côté des sentiments n'a pas confiance en lui , même si devenir un homme a été un grand soulagement de ce côté-ci. Il a toujours en tête Hémon , celui qui était l'homme de sa vie dans son histoire, qui est mort à ses côtés par amour. Il l'a cherché dans Pandore, mais en vain. Il aurait voulu pouvoir vivre avec lui pour toujours.
Maintenant il n'a plus grand espoir niveau amour. Il sait qu'il aime toujours les hommes , mais n'a pas eu de contact avec eux, trop timide. Il préfère s'adonner à son métier qui le passionne.

Soma • Antigone, comme le dit si bien Anouilh à son sujet, c'est le petit maigre dans le coin là-bas, et qui dit rien. Antigone est toujours un peu négligé, les cheveux en bataille, les vêtements un peu grands pour lui.
Il est beau pourtant, un peu sauvage, sa silhouette élancée qui ne fait que ressortir la finesse de ses jambes. Il a des yeux violets, comme des améthystes brillantes, qui attrapent l’œil au premier regard, qui hypnotisent et fascinent.
Ses cheveux sont fins, noirs comme le corbeau. Il a la posture altière due à son rang, et il sait pourtant se faire discret, modeste. Antigone, il aime être silencieux, s'asseoir dans un coin et voir ce qu'il se passe.

Quand il est apparu à Pandore, il a été surpris et heureux de son physique d'homme. Enfin il pouvait vivre comme il le voulait, courir les prés à sa guise, sans être réprimandé par qui que ce soit. Malgré tout son physique ne lui permet pas d'être très sportif, et ses activités non plus ; quand il court il s'essouffle facilement, et il aime rester assis à son bureau avec un lait chaud quand le temps est agité, de peur de se faire emporter par le vent.

Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
C'est une petite voix qui te le répète sans cesse. Dès ta naissance. Tu es es dans les bras de ta mère, elle sourit. Tu es sa toute petite fille. Sa toute dernière. Elle t'aime beaucoup, Jocaste. Elle aime beaucoup ton père aussi. C'est le roi de Thèbes, et c'est un héros. Il a vaincu le Sphinx à son propre jeu, et il a sauvé la ville. Oui, il est adulé par la population. C'est son heure de gloire.
Mais il y a cette petite voix qui répète, encore et encore.
Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
Toi tu comprends. Petit nourrisson que tu es encore, tu te mets à pleurer.

Parce que tu sais déjà.

Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
Tu ris en t'enfuyant des bras d'Etéocle, ton plus grand frère, te réfugiant dans un buisson. Tu t'éloignes, tu frôle de tes petits doigts fin la surface du ruisseau qui se cache derrière le bosquet, et puis tu trempes tes pieds délicats dedans. Il est frais, mais après tout il fait chaud. Ton frère surgit au dessus du buisson, et commence à te chatouiller. Toi, tu es toute boueuse et toute ébouriffée, tu rigoles aux éclats. Sur un banc, Ismène vous regarde, jouant sagement à coiffer ses belles poupées de cire. Polynice joue à se battre avec un de ses esclaves. Vous êtes beaux.
Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
La voix se fait plus insistante, et en dehors du jardin, de l'agitation se fait entendre. Un garde débarque, une servante paniquée à sa suite.

Jocaste s'est pendue.

Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
Vous êtes des enfants incestueux. La cité est à la dérive, Oedipe s'est ôté la vue et s'est exilé de la cité qui l'avait tant loué. Vous êtes des enfants incestueux. Vous êtes maudits. Vous n'auriez même pas dû exister. Et pourtant vous êtes là. Et pourtant le sort s'acharne sur vous. Et pourtant Créon a repris le pouvoir, en attendant de décider de qui va succéder à Oedipe. Parce que malgré tout vous êtes tout de même ses enfants.
Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
La voix se fait plus victorieuse, plus conquérante. Etéocle et Polynice ont commencé à se battre. Chacun lève une armée, c'est la panique.

Et ils meurent tous les deux.

Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
On a interdit Polynice d'avoir une sépulture, et son corps gît au pied de la cité, surveillé par des gardes. Toi tu te révoltes, tu te débats dans l'injustice. Tu te dis qu'après tout c'était ton destin, que ton histoire est une tragédie, que jamais tu ne pourra te marier à Hémon que tu aimes temps, que jamais tu ne fonderas une famille, que jamais tu ne verras ta soeur Ismène quand elle sera reine.
Ton histoire, Antigone, est une tragédie.
C'est toi qui murmures cette phrase quand tu grattes la terre de tes petites mains pour recouvrir Polynice de terre, quand tu lève doucement la tête pour assumer ton forfait devant Créon, quand tu te fait emmurer vivante, et quand Hémon se tue pour ne pas avoir à vivre sans toi.

L'histoire est finie. La tragédie se clôt. Les rideaux de referment.

Et pourtant.
Tu te réveilles à Pandore, tu ne comprends pas. Ta vie devait se finir comme ça. Tu te rends compte que tout était écrit, et tout te semble clair. Car ton histoire était une tragédie.

Et maintenant ? Tu ne sais pas. Tu es perdu. Tu souffres.

Ton histoire, Antigone, est-elle une tragédie ?