On dit de moi que je suis • effrayant ϟ distant ϟ froid ϟ silencieux ϟ solitaire ϟ étrange ϟ direct ϟ mystérieux ϟ observateur ϟ instable ϟ cynique


Mais au premier abord je suis • froid. Plutôt distant en fait ; ma haute carrure n'inspire pas le geste spontané d'un petit pas vers la connaissance. Une fois de face, mes yeux bleus glacés se contenteront de vous fixer, sans rien laisser paraître, dans un simple examen d'approche. Ils sont comme deux morceaux de pierre froide ; sans expression. Mais personne n'aime être fixé, n'est-il pas ; aussi, la cicatrice s'étendant en toile d'araignée sur la partie gauche de mon visage n'engage en rien. Comme si les deux morceaux de glace vous jaugeaient, fixes, autant pour rester impassible que pour contenir l'agitation du feu intérieur. Droit, je resterai à vous fixer pendant une, deux minutes. Puis à pas lents, les yeux se détourneront et s'en iront dans l'obscurité de la nuit tombante, dans un bruissement de longue veste et cliquetis de chaînettes, ne devenant plus que simples souvenirs, enfonçant le chapeau sur les cheveux blonds et l'abaissant sur le regard. Comme le phénix est un être éphémère, je ne préfère rester qu'une vague mémoire bien vite engloutie dans d'autres images. Cependant, quand bien même vous vous approcherez, prenez garde à ne vous y brûler, car le contrôle de cette façade droite connaît des limites que je ne saurais contenir.

L'Oiseau de Feu est également connu comme étant le Phénix, ou Firebird. Il s'agirait d'un oiseau aux plumes de feu qui renaîtrait de ses cendres, se consumant à sa mort, et qui pourrait, de son bec, embraser une forêt entière.

L'Oiseau de Feu apparaît dans de nombreux folkores, et dans de nombreux pays. Celui de la Russie est décrit dans le conte éponyme, ou dans "Ivan-tsavérich, le loup gris et l'oiseau de feu". Chaque folkore donne une interprétation différente à cet oiseau aux plumes de flamme ; aussi, le phénix russe apporterait de grands malheurs en succession à celui qui l'approcherait et s'emparerait d'une plume de feu. Malheurs qui eux-mêmes, si résolus, aboutiraient à une remontée soudaine et une résolution heureuse. Seulement, faudait-il avoir réussi à surmonter les épreuves avant, ce qui n'est pas tâche facile.

L'Oiseau de Feu condamne la transgression, la curiosité et le désir de s'approprier ce qui nous appartient. Bien que peu décrit psychologiquement et en lui-même, on peut inverser les contes ; l'Oiseau de Feu est un animal chaleureux de base, mais qui a conscience du mal qu'il provoque autour de lui. Par peur de blesser, ainsi a-t-il choisi de voler seul, et de se reclure, afin de ne plus créer ces vicieux effets papillons.

L'Oiseau de Feu est également signe de renaissance éternelle ; mais uniquement si lui-même vit encore dans les esprits. Il vit par la croyance des personnes. Il était le magnifique Phénix, admiré de tous. Mais bien vite, son nom s'effaça des mots, des paroles, des pensées. Dans un recoin du monde, loin de tout, il se consuma une dernière fois ; et ses cendres s'envolèrent aux quatre coins du ciel, emporté comme il le souhaitait, comme un vieux souvenir.

Sinead était anciennement cet oiseau. Il n'en a pas encore pris conscience, arrivé seulement depuis 5 ans sur Pandore. Il ne sait même pas comment il est arrivé dans la ville, ni même pourquoi ; il s'était alors contenté de se trouver un job, mettant ses talents de danseur au service de bars, ou de cafés "huppés". Il sait seulement qu'il a une affinité particulière avec le feu, et que porter de longues vestes ou des capes le rassure ; une sensation de manque, des mouvements amples en harmonie avec le vent. Son existence passée affecte également son caractère ; il refuse de s'attacher, ni même d'aller vers les autres, alors qu'au fond de lui brûle cette envie de découverte et de chaleur. Il ne connaît pas les raisons de ce déni ; il sait seulement que c'est indispensable. Alors il se force, créant un déséquilibre émotionnel flagrant chez lui. Sinead est froid, voire parfois, carrément cynique, avec ce petit sourire en coin glacial ; une instabilité précaire, psychologique, passant d'une façade froide et inébranlable à des crises de colère, ou de manque.

Mais solitude est maître-mot.