On dit de Jules qu'il est • toujours blotti quelque part, au chaud chez lui ou dans un manteau ϟ qu'il n'aime pas le contact, sauf quand c'est lui qui le donne ϟ qu'il choisit toujours d'éviter les disputes, ça le fatigue et il déteste crier ϟ que quand il est dans ses pensées, il ne faut jamais le déranger ϟ qu'il faut se méfier de ses inventions et autres idées, on ne sait pas à chaque fois si elles sont mortelles ou non ϟ qu'il est incapable de cuisiner correctement ϟ qu'il ne faut En Aucun Cas le laisser dans une pièce avec de la nourriture, à moins de vouloir faire un régime drastique ϟ qu'il touche tout le temps ses cheveux et vérifie qu'il est parfait ... Sauf quand il est parti autre part que sur Terre ϟ qu'il a tendance à changer de dynamique d'un instant à l'autre et qu'il peut soudainement devenir plein d'énergie et se mettre à faire des choses comme des recherches sur les fourmis ou comme une nouvelle emplie de fleurs et d'exploration ϟ En bref il est : étrange ϟ lunatique ϟ particularité ϟ rêveur ϟ gourmand ϟ blasé ϟ égoïste ϟ imaginatif ϟ méfiant ϟ moqueur ϟ paresseux ϟ pointilleux


Mais au premier abord il est • Toujours les paupières clauses au matin, il lui faudra quoi qu'il arrive un sacré courage pour ouvrir ses yeux sur ses douces prunelles véronèses, brillants entre attitude décrochée du présent et rêverie plus ou moins sérieuse. Il a eu du mal avec les vêtements de cette époque mais en fin de compte, tout est si simple à enfiler qu'il a bel et bien fini par en raffoler. On peut facilement dire qu'il choisit des choses simples mais pour lui, frileux qu'il est, le mot d'ordre est simple : Chaleur ! Bref, si il n'y a pas de quoi recouvrir sa peau pâle en automne, printemps et hiver, c'est pour lui la catastrophe. Une autre chose l'avait surpris dans ce drôle d'univers, parce que ça, il l'avait espéré rapidement en ouvrant les yeux pour la première fois ... Oui il avait eu l'espoir qu'une brosse à cheveux marche correctement sur lui, c'en fut trop demander, à son grand damne. Surtout le matin. Une vague connaissance lui avait dit que ça lui donnait un air sauvage et lui, il avait simplement levé un sourcil comme à son habitude, sceptique. Sa taille l'embêtait. Il avait été grand à une époque ! Grand, bien bâtit, agréable, bien sûr il avait acquis ces bien faits après l'adolescence, hors le problème était bien là. Après la vingtaine. Et quand il avait atterri ici, c'est avec même pas vingt ans d'apparence ! Bon peut être un peu plus mais bon ... Il avait grommelé pendant des jours contre ça. Rien n'avait changé, et ça ne lui plaisait pas forcément. Mais une découverte merveilleuse lui avait remonté le moral, et il utilisait cette incroyable technologie presque quotidiennement. Il avait découvert le vernis à ongle. Noir de préférence. Et il en était accro. Bah, chacun son truc, minimisait-il souvent, lui c'était les livres, les sciences, le vernis à ongle et la vie.  

Chaque instant de sa vie, de sa vie sur Terre, il avait été entre voyages et réalité. Aucun ne pouvait l'ennuyer, le désintéresser. Il avait été chamailleur avec son frère, protecteur avec ses sœurs, grand désespoir de son père, sujet de sourire de sa mère, indulgente et fée rêveuse, produit décevant de sa femme, amusement aux histoires entraînantes de ses belles-filles, père absent de son fils, oncle trop étrange de son neveu. Toujours entre les attentes des autres et sa propre nature. Il avait fait du droit mais la géographie et les sciences lui collaient à la peau, sans parler de l'écriture. Il pouvait se passionner de toutes petites choses semblants ridicules aux yeux des autres et pleines de merveilles à ses prunelles. Il avait presque eut l'impression de vivre, mourir, et revivre sans cesse. Rien ne le lassait constamment, et une chose minime pouvait capter son attention. L'ennui lui-même ne lui posait que rarement de problèmes. Il avait eu des conquêtes, il avait lui-même été conquis. Et un l'avait marqué plus que le dernier. Ce salaud d'éditeur.
"Tu n'es qu'un abruti crédule, on dirait presque que tu me dévores des yeux. Que crois-tu que nous vivions ? Il en est de toute manière assez, il est fatiguant de toujours se retrouver face à un débile toute la journée alors si s'ajoute la nuit " s'exclama son amant en riant avec un ton hautain et méprisant. Ce ton qu'il haïssait plus que tout et qu'il n'avait pourtant jamais retrouvé chez l'homme qui partageait régulièrement son lit, et encore plus quotidiennement sa vie. Il savait depuis longtemps que ce n'était pas sérieux. Il ne souhaitait pas non plus trop se poser, lui et Hetzel ne se comprenaient pas tant que ça après tout. Son éditeur était trop terre-à-terre et borné, lui trop rêveur et lunatique. Mais il avait quand même un pincement au cœur. Comme souvent quand il se faisait insulter pour un motif aussi idiot que sa façon d'être et de penser ... "Cela tombe bien, nous sommes insuffisamment identiques pour continuer ainsi. Bien que nos soirées au lit me manquerons, je dois dire que me séparer de toi, Pierre Hetzel, est aussi utile que de découvrir le fond des forêts aux longs et grands arbres, aussi touffus que ceux d'Amazonie, dit calmement Jules, décidé à répondre et ne plus se laisser marcher sur les pieds.
-Comment oses-tu sale petite catin ?! Tu ne sais donc pas que tu n'as que rêvé pour vivre ce que tu vis, tel le stupide simplet que tu es ? Je vais t'apprendre Jules, et tu t'en souviendra." Et sur ces mots, il l'avait attrapé alors qu'il tentait vainement de reboutonner sa chemises et le plaqua au lit. Dans un cri étouffé, Jules se débattit, mais rien n'y fit. Il s'en souviendra effectivement éternellement.
Ces souvenirs étaient les pires qu'il n'ait jamais vécu. Il en avait été beaucoup trop touché, à son grand damne. Pourtant, il avait déjà 35 ans quand ça lui était arrivé, il aurait pu se relever totalement ... Il n'y était jamais parvenu, hélas. Mais les choses évoluaient toujours. Si avant il ne supportait plus les regards sur lui et allait jusqu'à se réfugier volontairement dans d'autres pensées de voyages, ça s'était atténuer pour disparaître. La peur du contact aussi avait faibli, mais restait présente et il avait un mal de chien à faire la bise et des débilités de ce genre. La méfiance, elle, n'avait pas diminué autant qu'il ne le pensait. Il avait peur des gens. Peur qu'ils ne le comprennent pas, ou n'essayent pas au moins. Parce qu'il ne voulait pas changer, il ne voulait pas s'éloigner de ses univers merveilleux et de ces choses fantastiques et fascinantes qu'étaient les sciences, les paysages et la géographie... Ici au moins, il ne s'en était pas éloigné au contraire, et mêmes si il avait eu un et seul et unique pire problème à Pandore, il ne ferait rien au monde pour s'en distancer. Il n'était pas si malade que ça non ?