On dit de moi que je suis • A côté de la plaque ou bien réellement stupide ? ϟ Une personne qui devrait apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de l’ouvrir : je dis tout haut ce que je pense, et ça ne m’a pas apporté que des cookies, des bleus ont suivis. (et je déteste le fromage ><) ϟ Courageux et téméraire, mais pas quand il faut. ϟ Curieux de tout et surtout de n’importe quoi, je dévore les livres et collectionne toutes sortes d’objets.  ϟ J’ai la discussion facile et l’élucubration inutile qui va avec, surtout quand je suis stressé ou mal à l’aise. ϟ Je suis d’une nature enjouée et agréable, malgré mon côté simple d’esprit. ϟ J’apprécie le calme et peu me montrer assez posé et sérieux quand les conditions sont réunies. ϟ Je ne supporte pas le mensonge ni la trahison, je suis d’ailleurs bien incapable de mentir. ϟ Je ne m’emporte pas facilement, je préfère garder le sourire même quand les poignards se fichent dans mon dos. ϟ Ariel est vierge - Et je le resterai èué ! - malgré tout ce qu'il se passe à Pandore. Un sacré luxe. ϟ Enfin, j’adooooore les chats. J’en veux plein, plein et plein °w° ! Mais eux me détestent…

Mais au premier abord je suis • « … Ariel. » En général, il accompagne cette parole anodine d’un sourire doux qui lui donne un air attendrissant. De toute manière, quand on découvre Ariel, on ne peut qu’être attendrit – ou intrigué – par ce bout de bonhomme longiligne. Il soupire doucement, ses yeux suivant les volutes de fumée de sa tasse de thé qui se dessinent, s’entrecroisent puis se dissolvent dans l’air ambiant. Ses pupilles ambrés, d’un jaune d’or, d’un orange de miel, papillonnent à la recherche d’un point où se poser. Quelques étincelles s’y croisent : la douceur, l’attention, le rire – quand ces dernières ne s’acoquinent pas du voile de la nostalgie. Il semble tellement lointain, même pour cette main qui cherche à attraper quelques mèches de sa chevelure bleutée. Il tourne son visage au teint clair vers la personne à sa gauche, étirant à nouveau un sourire doux mais aussi amusé. Presqu’un peu moqueur, si on ne le connaissait pas. Tendant le bras pour attraper la théière, il dévoile son mince poignet marqué par quelques poissons à l’encre noire. Servant à nouveau son invité, il se penche pour rapprocher la tasse. Son dos est légèrement cambré, comme si ses muscles avaient besoin de s’habituer à ce corps trop grand et trop fin. Après tout, au départ, ce n’était qu’une gamine de quinze ans.

« Ariel ? Ariel ! Ariel, qu’est-ce que tu fais ? Ariel, reviens ici ! »

J’entends la voix de ma sœur qui résonne dans le couloir du palais. Elle a toujours eut une voix aigüe, mais aujourd’hui je la trouve particulièrement bruyante. Et dire que je pensais pouvoir m’extirper de ce palais sans être vue… visiblement, c’était peine perdue. Avec cinq sœurs qui ne cessent de vous avoir à l’œil, comment voulez-vous ne serait-ce que mettre une nageoire dehors sans que tout le monde ne soit au courant ? Je pousse un soupir et décide de l’ignorer royalement, serrant contre ma poitrine le précieux philtre remit par la sorcière. Celui qui me permettra de rejoindre la surface. Celui qui me permettra d’avoir une âme éternelle. Celui qui me permettra de revoir ce prince endormi, rencontré lors du naufrage de son navire. Il était délicieux, avec ses cheveux de jais et sa peau doucement halée. Mais surtout, surtout… avec ses jambes. Deux belles jambes longues et fines. Rien à voir avec ce truc qui nous sert de queue et qui est décidément d’une esthétique discutable. Maintenant que je les ai vues, je ne rêve plus que d’une chose : avoir moi aussi, ces deux belles jambes. C’est pour ça que, ce soir, j’ignore les appels de Juliet et je nage de toutes mes forces jusqu’à la surface. Je ne veux plus être une fille de l’océan.

« Mademoiselle ? Vous avez l’air mal en point… est-ce que tout va bien ?  »

Mes yeux papillonnent, aveuglés par la lumière brutale du soleil. Une ombre apparait devant moi, me protégeant de ses rayons et me permettant enfin de reconnaître le visage de la personne qui me parle : Lui. Ce jeune homme dont j’ai sauvé l’existence quelques jours auparavant. Il me regarde avec un air inquiet, ce qui me donne envie de lui sourire. J’ouvre la bouche pour le rassurer mais aucun son n’en sort. Intriguée, je tente à nouveau, avant de me rappeler des paroles de la sorcière. Elle m’a pris ma voix et ma langue en échange de …. Mes jambes ? Où sont-elles ? Où sont mes si belles jambes promises ? Je me redresse à toute vitesse à leur recherche, découvrant deux bouts de chair et de peau longilignes à la place de ce qu’était ma queue. Serait-ce… Mes orteils bougent à ma commande. Je ne retiens pas le grand sourire qui apparait sur mon visage, alors que je découvre avec un plaisir non dissimulé la sensation de mes pieds sur le sable de la plage. Il doit me prendre pour une folle. Ou une simple d’esprit, au choix. Je tourne mes yeux vers lui, et il se contente de hocher la tête. Me tendant la main pour m’aider à me relever. Inutile de vous dire que mon premier essai de marche bipède a été une catastrophe, n’est-ce pas ?

« Si tu échouais et que le prince en épouse une autre, à l’aube de ce mariage, ton cœur se briserait et tu ne serais plus qu'écume sur la mer.  »

J’observe en silence la demoiselle qui fait tant rire Eric. Ils ne se sont rencontrés que depuis trois jours, et pourtant c’est comme s’ils s’étaient toujours connus… Pire, elle, il n’a pas attendu un an avant de la demander en mariage. Alors que moi, malgré tout ce que nous avons partagés et trouvé en points communs, il m’a tout juste embrassé la joue. Est-ce là le prix à payer pour être à ses côtés ? Je n’avais pas notion que les sentiments étaient si compliqués, ni que je serais capable d’une telle jalousie envers cette jeune fille au rire cristallin et la voix aussi douce que le miel. Rien à voir avec la demoiselle muette que je suis, incapable de se faire comprendre autrement que par des gestes ou des dessins sur du papier. D’agacement, je donne un coup dans la rambarde, avant de tourner les talons et de rejoindre ma chambre. La voix de la sorcière résonnant dans ma tête comme le glas implacable de sa sentence. Tu ne serais plus qu’écume sur la mer. Rien d’autre, qu’écume sur la mer.

«Si tu frappais au cœur le prince avec ce couteau, tu redeviendrais sirène et pourrais vivre avec nous. »

Mais je ne l’ai pas tué. Non. Je n’étais qu’une stupide gamine de seize ans à ce moment-là, qui ne pouvait se résoudre à assassiner la première personne qui m’avait accueillie sur la terre ferme. Aux nobles actes les nobles pensées, dit-on. Moi je pense plutôt que le suicide est le truc le plus stupide qui puisse exister… C’est bien pour cela que je me suis jetée tête la première par-dessus le bastingage. Je me souviens avoir serré ce couteau de toutes mes forces contre ma poitrine, les yeux fermés j’ai attendu ma rencontre avec la mer pour me dissoudre en écume. Au final, cette mort était vraiment idiote, en y repensant. C’est peut-être pour cela que mon auteur a préféré me faire devenir une fille de l’air… Une sorte de happy end, pour montrer qu’une action juste et valeureuse était malgré tout récompensée. J’ignorais alors que l’histoire se terminait définitivement ici. J’imaginais vivre encore très longtemps au rythme des vents et des tempêtes. J’imaginais les nuages et la brise sur mon visage. J’imaginais tout ça…

« Bienvenue, Ariel. Voici Pandore. »

… Mais je n’imaginais pas du tout le vague. La douleur. Et la nausée. Clairement, la nausée, je ne l’avais pas calculée dans la fin du conte. Attendez... Quel conte ?